vendredi 28 octobre 2011

Crazy Ed

Depuis notre dernier blog nous avons parcouru près de 132 milles vers le sud et cela dans l'intracoastal à partir de Portsmouth ou si vous le voulez, Norkfolk (ville située de l'autre côté de la rivière) que nous avons quitté le 22 octobre au matin. Nous avions fait un arrêt au quai municipal, bien agréable d'ailleurs: c'est gratuit, l'eau est disponible et le quartier environnant est fort agréable au point de vue architectural.


Quai municipal Portsmouth


Oldtowne (quartier historique) et ces belles d'autrefois


Il est long le port de Norfolk


Donc le mille 0 de l'intracoastal, (il n'en reste que 1065 à faire) a été entrepris par l'ouverture d'un premier pont 7 milles plus loin. Nous avons atteint Coinjock en fin d'après-midi, où nous avons été accueillis par le propriétaire de la Midway marina. Le courant étant très fort à cet endroit, nous avons dû faire demi-tour, face au courant pour nous amarrer au quai.

L'intracoastal, à la queue leu leu...


Dès le lendemain l'équipage de DF a poursuivi sa route jusqu'à South Lake, de l'autre côté de L'Arbemarle Sound. Nous y avons jeté l'ancre pour la nuit, il n'y avait absolument rien autour de nous sur l'eau comme au rivage. Le soir venu on n'y voyait strictement rien, sauf les étoiles. C'était très ZEN, dans le sens de ZEN'ai rien à faire ici...

Tôt le lendemain matin nous nous sommes dirigés vers le pont basculant de Alligator River que nous avons fait ouvrir. Cette journée de navigation s'est plutôt bien passée. Il suffit de suivre les balises pour faire sa route et la petite ligne magenta (Intrascoastal water way) sur la carte GPS et le tour est joué. Comme d'autres avant nous, nous avons dû "subir" les dépassements des gros cruisers et négocier les vagues qu'ils nous laissent au passage.

DF a à nouveau jeté l'ancre au mille 127 dans la Pungo River en milieu d'après-midi. Nous y étions tout fin seuls. En fin de journée il s'est ajouté plus d'une douzaine d'embarcations autour de Domaine de Florence, le mouillage était prisé.

Mouillage de rêve


Comme la météo annonçait de forts vents,  et que nous ne pouvons dépasser cette latitude jusqu'à la fin de la période des ouragans (1er novembre selon notre courtier d'assurance), nous avons avancé 5 milles plus loin sur la rivière et nous nous sommes installés à la Dowry Creek Marina  pour une semaine.  C'est une marina qui nous avait été chaudement recommandée par Stanley, ce sympathique personnage rencontré plus tôt et qui travaillait à Annapolis City Harbour.  Il y a une piscine, dont le capitaine a profité à plusieurs reprises, (il faisait au moins 25 degrés, les 3 premiers jours à la marina).  Il y a aussi une voiture de courtoisie, pour nous permettre d'aller faire nos courses en ville. L'endroit est tenu par une veuve  assistée de personnes "bénévoles"qui l'aident à offrir les services et ainsi répondre aux clients qui sont de passage.  Ces personnes bénévoles vivent à bord de leurs bateaux à la marina.  Certains y sont depuis plusieurs années.  Ils forment comme une famille. L'ambiance est cool et il se tient un "happy hour" à chaque jour, question de permettre aux plaisanciers de faire connaissance et de partager ensemble un bon moment ainsi que leur expérience respective. 


Dowry Creek marina



C'est lors d'un happy hour que nous avons  fait la connaissance de "Crazy Ed". 


Je vous raconte son histoire. 

Depuis notre arrivée je voyais cet individu partir très tôt le matin et revenir en fin de journée couvert de boue. Ne sachant pas trop à qui j'avais à faire, j'étais curieux de comprendre ce qu'il pouvait bien mijoter dans le fond du marais. Faisait-il la pêche aux monstres muni de son attirail déglingué? se construisait-il un camp ou un quai? Allez savoir!

Ed et son attirail





Retour de Ed après une grosse journée de labeur






Lors du passage de l'ouragan Irene, tous les bateaux ont dû quitter la marina Dowry Creek pour se mettre à l'abri. Donc le bateau de notre ami Ed a été laissé au bout de son ancre dans une petite baie en amont, tout près de la marina, comme 9 autres bateaux d'ailleurs. Sur ces 9 bateaux, seulement 3 ont pu s'en sortir sans avarie, pour les 6 autres, ils se sont tous échoués autour du site.Voyez sur la photo " WALKABOUT" un autre voilier échoué à l'entrée de la marina. 


Walkabout, un nom prédestiné...




 Ed lui, possède un Bristol, voilier de 30 pieds pesant près de 6 tonnes. Son bateau a été transporté par une vague de plus de 7 pieds de haut, tout au fond du marais entre les arbres. Nous nous sommes rendus un après-midi pour constater par nous-même. Voici ce que nous avons vu.

Le voilier (à l'arrière plan) de Ed


Voilà maintenant 2 mois que Ed travaille à faire avancer son voilier pouce par pouce afin de le sortir de là. Ed est un retraité de IBM, il a 72 ans, marié, sa femme et lui ne se sont pas beaucoup vus depuis le passage d'Irene...Et il est déterminé à sortir son bateau du fond de la forêt. Ed nous racontait qu'il avait connu 3 "épisodes" malheureux avec son bateau. Le premier, il est entré en collision avec un quai, alors que la commande des gaz a bloqué, le second, il a retrouvé son voilier au fond de l'eau de la marina parce qu'un passe-coque de la toilette a fait défaut et le dernier est le passage  d'Irene. Pas chanceux me direz-vous? Ed s'en confesse lui-même, il est responsable des 3 incidents. Un manque d'entretien évident de son bateau lui aurait causé ses malheurs. Mais bon, tous les capitaines n'ont pas nécessairement la même façon d'entretenir leurs bateaux. Malgré tout, nous aurons eu le privilège de rencontrer un capitaine fort sympathique et très certainement persévérant. 


Quand nous lui avons rendu visite tout au fond du marais, voyant la tâche énorme à laquelle il s'attaquait,  je n'ai pu m'empêcher de lui dire: 


"Ed, you are crazy, and I like that..."


Le capitaine












3 commentaires:

  1. Quelle belle histoire que celle de Ed...mais un peu triste quand même....

    j'aime particulièrement la description faite des lieux et je suis servi encore une fois...
    merci capitaine

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  2. Il est toujours agréable de savoir que nos "lecteurs" apprécient nos messages. Notre arrêt prolongé et "obligé" à Dowry Creek nous aura permis de faire plus ample connaissance avec ces personnages plus grands que nature...c'est ça voyager!
    L'équipage de DF

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  3. Pour moi le voyage, c'est voir ce que la plupart ne voit pas...Par exemple, lors de mon premier séjour en Espagne, notre agente de voyage qui nous accompagnait, une dame de 80 ans,grande voyageuse, nous avait initié à voir dans le détail....à aller dans le sens contraire de la foule, à se faufiler discrètement par des portes entrouvertes etc...aujourd'hui, ce sont mes plus beaux souvenirs...

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