samedi 14 avril 2012

Les lunettes du capitaine et les yeux de l’aigle pêcheur






Nous vous avons laissés le 23 mars dernier alors que nous nous dirigions vers St-Augustine en Floride. Nous y avons fait un arrêt de deux jours le temps de refaire le plein de tout et de profiter d’un bon resto pour  souligner l’anniversaire du Capitaine (c’était succulent, la compagnie était magnifique). Le personnel de la marina nous avait judicieusement suggéré la Casa Monica. Nous avions  bien aimé notre passage dans cette ville l’automne dernier  et cette deuxième visite nous a plu tout autant. L’architecture et les rues sont marquées par l’histoire. Si jamais vous passez par là je vous invite à vous y arrêter, vous ne le regretterez 
pas.




St.Augustine la belle.



Que du bonbon!



ST.Augustine, comme une peinture...


Fernandina  Beach, ah ça, c’est une toute autre histoire! En effet, le coup d‘œil n’est pas tout à fait le même qu’à St-Augustine. Il faut dire que nous n’avons pas mis pied à terre. DF a simplement  profité du mouillage devant  la ville pour y passer la nuit. L’odeur peut être dérangeante pour les cœurs sensibles. Pour ceux qui connaissent la marina de Trois-Rivières c’est un peu son équivalent odorant.


Fernandina on repassera une autre fois.


Puis on a traversé la Georgie: Jekyll Island, Wahoo River, Herb River, Thunderbolt. Cette partie du périple n’a pas bonne réputation pour ceux qui naviguent sur l’intra coastal, à cause des sinueux cours d’eau qui nous obligent à faire de grands S. Aussi, il n’ y  a pas beaucoup d’eau sous la quille, parfois un pied ou deux et encore... Cela dit, il faut être très concentré et suivre les aides à la navigation de façon vigilante. La nature est omniprésente, les canaux sont bordés par les forêts et les marais, la civilisation est plutôt rare. Cela nous permet de nous reconnecter, pas le choix, la nature le commande. La végétation luxuriante,les tortues, les pélicans, les dauphins et une multitude d’oiseaux nous accompagnent  à notre grand plaisir.


Rien ne sert de courir, il faut partir à point...

Figure de proue


Première escale en Caroline du Sud: Beaufort,  prononcez BIOUFORT, sinon on vous reprendra croyez-moi. Un autre bel arrêt apprécié par l’équipage. Bien accueilli par le personnel de la marina, on se retrouve dans un environnement agréable. Il y a une promenade et un parc face à la rivière où les gens se baladent, d’autres y pratiquent la pêche. D'ailleurs un soir, un petit garçon accompagné de sa mère venait juste d'attraper un jeune requin de 2 pieds. Il était drôle le petit bonhomme, avec ses gants jaunes (pour laver la vaisselle) portés jusqu'aux coudes,  il n'osait pas toucher à son hameçon pris dans la gueule du requin. La mère encore moins intéressée par le requin décida de téléphoner à son mari pour qu’il vienne décrocher le fameux hameçon. Alors j’ai eu une pensée pour le  requin qu'il fallait remettre à l'eau et je me suis dit: "pas le temps d’attendre le père".  J’ai alors demandé au garçon de tenir son requin avec ses gants de vaisselle pendant que je lui enlèverais  l'hameçon. À nous deux on a réussi à extirper le crochet. La mère encore au téléphone avec son mari m’a remercié et le petit garçon fier, a pris son courage à "deux gants de vaisselle" et a remis le requin à l’eau encore vivant. Je l'ai félicité de sa belle prise et nous avons quitté.

À Beaufort, la rue principale est tout à côté de la marina, on peut y faire des courses ou s’y arrêter pour manger dans un resto. La pizza  chez Panini’s Café est vraiment super. Nous avons découvert beaucoup de boutiques d’œuvres d’art, toutes très originales. C’est à Beaufort que nous avons aussi appris comment s’appelait la chose que j’avais « pêchée » avec l’ancre. Il s’agit  d’un HORSESHOE CRAB. Un bon matin alors que  je relevais l’ancre,  je me suis retrouvé face à face avec cet animal  pris dans la chaîne. Après l’avoir photographié, je lui ai donné le temps de filer avant de poursuivre la remontée de l'ancre. Drôle d’animal tout de même, on dirait un casque d’allemand avec des pattes.


DF à la marina de Beaufort 





Le sabot de cheval enchaîné.


Lors de cette escale à Beaufort, Linda a trouvé un mécanicien diesel qui passait par là. Elle l’a tout de suite interpellé pour qu’il vienne voir le problème que nous avions avec la pompe à carburant. Les mécaniciens diesel se font rares par ici. Nous avons pu remplacer la pompe en moins de deux et DF ne  s’en porte que mieux.


Vous savez l’image au ralenti qu’on voit quand quelque chose nous arrive, comme si nous étions figés sur un fauteuil au cinéma en train de voir son propre film. Alors que j'étais à faire le ménage sur le pont avant notre départ , je me suis retourné en me prenant la tête contre un hauban, et vlan! Mes lunettes ont fait une pirouette devant mes yeux sans que j’aie le temps de les saisir. Je n’ai pu rien faire d’autre que de les voir tomber à l’eau. Grosse frustration...

Nous avons une Florence qui s’applique pour les devoirs et leçons, elle fait du bon boulot selon Linda.  Je suis fière de ma fille. Son humeur est aussi très positive, ça doit être le retour à la maison j’imagine, je la comprends, c’est pas évident pour elle ce voyage. Elle a d'ailleurs profité de cet arrêt à Beaufort pour en faire un peu plus. Linda poursuit son travail de "professeure" auprès de Florence, elle a beaucoup de mérite et tout mon respect.



Prochain arrêt, Charleston. Cette ville avait retenu notre attention à l'automne pour son architecture et pour son ambiance particulière. Les gens sont "friendly" et relax.  Nous avons marché une bonne partie de la ville pour apprécier ses rues et ses demeures d'autrefois. Voyez par exemple la maison Gaillard Bennet House datant des années 1800, absolument magnifique.
Une belle de Charleston




Chantal Huot's Garden


 Les  maisons voisines sont tout aussi  charmantes avec leurs jardins et leurs arrière-cours qui ressemblent à des images prises dans de grandes revues de déco. C'est aussi à Charleston qu'on a découvert un resto très différent sur la King street, Nick's BBQ. Des côtes levées servies à l' ancienne, huuuuuuuummmmmm! Autre façon de faire, dans ce resto on prend votre commande, ensuite on vous remet un numéro sur un petit socle que vous déposez sur votre table. La serveuse repère ce numéro et hop, votre assiette apparaît devant vous. Il y avait une file à notre arrivée et à notre départ, c'est toujours le meilleur signe de la qualité d'un endroit...Nous avions prévu cet arrêt pour laisser passer les orages et les vents annoncés. Tout un spectacle, vents de plus soixante milles à l'heure, des éclairs dans le sens de la hauteur et dans le sens de la largeur...voyez la vidéo.


Mon lunch s'en vient!











Le premier arrêt en Caroline du Nord s'est fait à la marina Carolina Beach State Park.  Située au mille 297 de ICW, cette marina est un secret bien gardé.  Pour une somme très modique (30$ peu importe la longueur de ton bateau), on nous offre des quais flottants "tout neuf", électricité incluse.  D'ailleurs, pour la première soirée, nous étions les seuls utilisateurs.  La gentillesse de Rob, le "ranger" dockmaster, nous a charmés.  Il nous a accueillis comme si nous étions de la famille. Le lendemain matin, nous avons même eu droit à un petit pot de confitures aux figues de son jardin ainsi qu'une note manuscrite bien détaillée expliquant l'histoire de ICW.


Seuls au monde à Carolina Beach state park




La suite s’est passée plutôt rondement, levés très tôt chaque matin et on s’est tapé plus ou moins cinquante à soixante milles par jour pour se retrouver à Belhaven en Caroline du nord au mille 132 de l'intracoastal waterway. Un matin alors que nous avancions dans une rivière magnifique, j'ai eu l'idée de laisser traîner une ligne dans le but de trouver le souper du soir. Cette tactique nous a bien servi à quelques reprises. J'ai donc mis un RAPALA ( poisson leurre) derrière le bateau pendant près d'une heure jusqu'au moment où un aigle pêcheur s'est intéressé au menu. À trois reprises il a foncé sur ce qu'il croyait être son dîner. À trois reprises je lui ai soutiré son lunch. Non mais, vous imaginez, un aigle pêcheur au bout de ma ligne! J'ai finalement cassé la ligne, incapable d'éloigner mon aigle pêcheur autrement. Alors, ni lui ni moi avons eu droit à un dîner gratuit ce jour-là. Avouez que le spectacle d'un aigle au bout d'un hameçon aurait été désolant...

Un pont? Un voilier?

Par un beau matin



Les belles de Carolina Beach

Encore un pont à faire ouvrir



Nous rejoindrons bientôt la Virginie où se trouve le mille zéro de l' ICW, pour entreprendre la remontée de la Chesapeake Bay.  Nous serons alors rendus à mi-parcours.  Tout se passe bien pour l'équipage de DF et la fin de ce voyage approche à grand pas...

Photographie par Florence


Le capitaine