vendredi 23 mars 2012

Ah la vache, les bernacles !


Daytona Beach 

Après de magnifiques moments passés en famille  à Naples, après ses couchers de soleil inoubliables sur le Golfe du Mexique nous devions penser à remettre les voiles et le cap vers le nord. Sentiments partagés par l'envie de poursuivre nos "vacances" ici et celui de retrouver notre chez-nous, nos familles, nos amis.



C'est bien Naples

Un dernier...

...des derniers

coucher de soleil. 


Le 15 mars dernier nous mettions le cap vers le Golfe du Mexique  après avoir passé près de 8 semaines à Naples que nous avons apprécié énormément, trop peut-être. Au moment de quitter le quai où nous avions amarré  Domaine de Florence pendant toutes ces semaines, un incident inattendu s’est produit. Pendant que Jay, la préposée de la marina nous aidait à quitter en tenant nos amarres, j’ai fait marche arrière et à ce moment j’ai senti que plus rien ne répondait. J’ai eu beau faire tourner la barre dans tous les sens, rien à faire. Puis j’ai aperçu  Jay qui retenait DF avec la dernière amarre et me suis dit qu’elle était sans doute le cause de ce problème .

Nous nous sommes dirigés au quai de service sans trop de difficulté et avons pris un mooring pour les 2 jours suivants : le temps de préparer la navigation et le retour à la maison. Donc le 15 mars au matin nous avons laissé le mooring de la Naples city dock pour nous engager dans la Gordon Pass  qui nous amène directement dans le Golfe du Mexique. Linda était à la barre depuis le départ quand nous avons enfin atteint le Golfe. Nous devions prendre notre temps afin d’éviter  des hauts fonds. Soudain Linda s’écrie, « JEAN-MARIE,  le moteur chauffe ! » Il y a déjà plus d’une heure que nous avons quitté et nous voilà pris avec un moteur qui se met à chauffer.

Nous avons donc réduit la vitesse du moteur et fait le tour de la mécanique pour  essayer de comprendre ce qui n’allait pas.  L’équipage a  mis la voile avant seulement ( les conditions n'étaient pas très favorables pour mettre toutes les voiles) et  peu de temps après,  le moteur a commencé à refroidir. Le régime a été maintenu pour ne pas forcer la mécanique mais le doute était installé, il y avait bien un problème. DF s’est rendu jusqu’à Fort Myers sans trop de peine mais dès que nous souhaitions augmenter le régime la température du moteur diesel en faisait tout autant.  Nous avons passé une première nuit au mooring de la marina de Fort Myers. Le lendemain matin nous avons tenté de rejoindre un mécanicien sans succès et sommes repartis en empruntant l’ Okeechobee water way qui traverse l’état de la Floride d’ouest en est en passant par le lac Okeechobee.  À cet endroit, la traversée du lac fait près de 25 milles.  On peut mentionner que l’on passe par 5 écluses (variant de 0 à 13 pieds) et quelques ponts à faire ouvrir , en prenant cette route.  Mais surtout, il existe un pont ferroviaire (lift bridge) qui offre seulement 49 pieds de hauteur.  Et devinez quel est le tirant d’air de DF ? Nous avions calculé 49 pieds incluant l’antenne VHF, ce qui devait nous donner une petite marge de manœuvre  pour passer ce pont. 

On remonte vers chez-nous

La madame est contente

Fort Myers derrière nous

Les oranges de la Floride

À la deuxième fin de journée, DF et son équipage s’est présenté dans un affluent de la rivière Caloosahatchee pour tenter de jeter l’ancre, DF était trop gros pour se retrouver dans cet endroit malgré les lectures que nous avions faites qui nous certifiaient le contraire. Il était tard et comme la noirceur se pointerait dans moins de 20 minutes, il fallait trouver un endroit pour jeter l’ancre. Comme le cours d’eau était trop étroit j’ai songé en dernier recours à prendre le dinghy pour aller sur la rive  et y attacher une amarre autour d’un palmier. C’est ce que nous nous apprêtions à faire jusqu’au moment où ma chère Linda aperçut un quai privé avec une enseigne  FOR RENT. DF a viré à bâbord toute et nous nous sommes dirigés vers ce quai. Les propriétaires nous observaient déjà depuis un bon moment et sont vite venus nous accueillir presque comme de la famille qui attend le petit dernier…Sincèrement, nous avons été encore une fois séduits par l’hospitalité et la générosité américaines.  Ils ont pris le temps de se présenter, de demander d’où l’on venait, où l’on allait, nous ont souhaité de faire comme chez-nous, de se reposer et bonne nuit c’est gratuit !.

Tout au long du parcours, nous avons aperçu plusieurs alligators,  d’ailleurs  mon idée d’aller sur la rive attacher une amarre n’était pas ma meilleure idée si on en juge par le nombre d’alligators qui rôdent dans le coin. Un alligator s’est même approché de DF une fois amarré au quai. Nous avons donc pris le temps de se faire une bouffe et rapidement nous avons retrouvé nos couchettes pour un repos bien mérité.

HEEEEEEEEEEHOOOOOOOOHUUUUUUUHEEEEEEEEE ! C’est à peu près le son que nous avons entendu en plein milieu de la nuit. Florence, Linda et moi n’avons pu faire autrement que de sauter du lit en se demandant ce qui pouvait faire un beuglement à réveiller le quartier au complet. Nous apprendrons le lendemain matin par le propriétaire des lieux que ce sont les vaches du voisin qui se font surprendre par les alligators quand elles veulent boire à la rivière.

Ah la vache!

et l'alligator


49 pieds ben juste

Après les politesses d’usage nous avons remis au propriétaire une bonne bouteille de vin pour le remercier de son accueil, après quoi nous avons largué les amarres et avons repris la  route. Pendant tout ce temps nous avons continué d’essayer de comprendre pourquoi le moteur se mettait à chauffer si on montait son régime. Nous avons profité d’un nouvel arrêt à la marina Roland Martin à Clewiston près de l'entrée du lac Okeechobee pour nettoyer le circuit interne de refroidissement et remplacer le liquide par du neuf.

Caloosahatchee River par un beau matin

Comme dans les vues...

Le lac Okeechobee devant 


La soirée s’est terminée par un arrêt au resto de la marina où nous avons découvert la queue d’alligator frite, pas mauvais du tout, un mélange entre la cuisse de grenouille, le poisson et le calmar. L’équipage  a quitté la marina de Clewiston à 8 heures le lendemain matin en espérant que le nettoyage du système de refroidissement serait un succès. Malheureusement le problème subsistait, dès que nous tentions d’atteindre notre vitesse de croisière (6 nœuds ou 11km si vous préférez) le cadran de la température se mettait à monter.

Encore une écluse et on y est, St. Lucie canal devant




J’avais fait le tour de toutes mes lectures de mécanique quand je suis tombé sur une charte qui me donnait les vitesses du bateau vs le régime du moteur vs la consommation de carburant. Tout était devenu clair. Depuis notre départ de la marina de Naples alors que Jay nous avait trop retenu à mon goût nous avions quelque chose de coincé dans l’hélice. Au prochain arrêt il fallait, soit plonger pour aller voir (pas question trop d’alligators), soit faire lever le bateau dans un chantier. DF s’est arrêté à Indiantown Marina vers les 16 hres et j’ai tenté de faire des photos sous la coque avec la caméra submersible de Florence mais l’eau était trop brune et les alligators nageaient dans le coin. Dès le lendemain matin nous avons pris rendez-vous avec Eric le responsable du chantier. Tout de suite il en est venu à la même conclusion que moi, sauf que lui savait ce qui se trouvait sur l’hélice, « you have bernacles on your prop ». Le bateau a été plus de 8 semaines amarré à la Naples city dock pendant que nous nous occupions du nouveau condo. Les bernacles ont eu tout le temps voulu pour faire leur condo eux aussi.

Et hop DF

Condo 3 pales pour bernacles


DF a été pris en charge par le « Travel Lift » à 16h15 et à 17h il était de retour à l’eau. Pendant ce laps de temps 4 hommes se sont affairés à nettoyer l’hélice et la coque avec des jets à pression. J’étais content, enfin nous allions retrouver DF à son meilleur. Depuis nous avons  parcouru  près de 200 milles à plus de 6 nœuds  et sommes très encouragés par les performances de DF. Un autre épisode qui finit bien…

Le capitaine


lundi 12 mars 2012

On quitte notre nouveau chez-nous...

Naples 12 mars 2012

Depuis le 26 janvier, notre vie de voyageurs maritimes est en pause alors que DF se trouve à la « Naples City Dock Marina ».  Naples, ville coup de cœur de la côte ouest de la Floride que nous avons découvert en décembre dernier. Elle est l’antithèse des grosses villes de la côte est.  Tout y est plus cool…même le golfe ne malmène pas les plages lors des journées de grands vents.  Les jours se sont succédés à la vitesse grand V.  On y a retrouvé le confort de la vie terrestre et la quiétude suivant les nuits de sommeil réparateur.


Royal tern droit devant!



Évidemment au début, il y a eu les nombreux rendez-vous avec plein de gens (avocat, courtier, gérant, assureur, etc) afin de compléter l’achat et la prise de possession du condo.  Aussi il y a eu la chasse aux aubaines afin de meubler et équiper notre nouveau cocon.  Cet exercice nous a permis de faire des rencontres intéressantes : banquier new-yorkais, entrepreneur de la Virginie mais originaire de Trois-Rivières…  Et qui dit achat de propriété, dit corvée de lavage et de nettoyage et ça, nous n’y avons pas échappé.

À Naples,  que du gros...

Linda et son nouvel ami...

Péte pis répète...


Puis, au fil des jours, nous avons fait la connaissance de nos voisins.  Certains vivent là de façon permanente mais plusieurs sont des snowbirds, fuyant le froid des états du Nord et recherchant la lumière et la chaleur bien présentes et si agréables de la  Floride en cette période de l’année.

Maintenant, il est temps de passer aux aveux. Une constante caractérise chaque échange ou rencontre que nous avons faits à Naples depuis quelques semaines…tous et chacun a exprimé sa grande satisfaction d’avoir choisi Naples pour y vivre : vivre sa vie ou des bouts de celle-ci.  Les gens sont avenants. Ils nous accueillent en nous saluant et en se présentant.  Cette cordialité doublée d’un sens social bien développé nous confortent dans notre choix et on se plaît à croire qu’il existe plein de « belles personnes » à connaître.  Aussi Naples ressemble en certains points à Québec (population semblable, quartier historique, réseau de pistes cyclables, rue commerciale avec boutiques et restos très prisés…)  En fait, on y retrouve tous les services d’une grande ville mais on ne se sent pas dans une grosse ville.  On y respire, j’ai enfin mis le doigt dessus…ON RESPIRE ! Or, les gens vivent et agissent au temps présent, ils prennent le temps de s’occuper de nous (que ce soit nos voisins ou les commerçants).  Disons que cela aide à créer le climat cool dont je parlais tantôt.

Sans commentaire...


À part le grand ménage de DF et du condo, nous avons passé une somme de temps considérable dans les divers commerces de Naples.  À chaque jour, nous nous sommes aussi réservés du temps pour faire du rattrapage scolaire et pour nous entraîner au centre de conditionnement ou à la piscine.  On a fait quelques sorties au cinéma (on était en pleine saison des films oscarisés : The Artist, The descendants, etc.), on a visité le zoo mais nous avons surtout été à la plage. On peut le répéter, la plage est tout simplement magnifique !  Un jour on a pu y observer plusieurs raies qui nageaient littéralement sous la dernière vague bordant la plage. (désolés, pas de photo)  Les pélicans sont les maîtres des lieux  et les couchers de soleil sont un rendez-vous à ne pas manquer.



Attention j'arrive!




Le Zoo de Naples un incontournable.


Durant ce séjour, nous avons également souligné le 15e anniversaire de notre Florence.  Grâce à internet, elle a pu recevoir plein de messages remplis d’amour.  À part la santé « all she need is love ! ».

Quinze ans déjà...


Dans quelques jours nous entreprendrons notre retour vers le nord dès que  « Docteur Yamaha » aura soigné notre moteur hors-bord.  En effectuant les derniers préparatifs de départ,  on a constaté qu’il refusait de démarrer. Comme le dinghy se trouve à être comme l’auto de la famille, on ne pouvait quitter avec ce moteur en panne.

C’est avec un mélange d’émotions que nous reprenons la route.  Nous sommes à la fois attristés de quitter Naples mais également l’équipage est bien motivé à faire comme plusieurs espèces d’oiseaux.  Nous aussi, allons vivre notre migration printanière pour revenir à la maison. Nous avons près de 2000 milles à naviguer afin de retrouver notre maison, nos familles et amis.  Nous vous tiendrons au courant de ce parcours.

À bientôt
Linda