samedi 5 mai 2012

Pan,Pan,Pan, qu'on est chanceux!

New York 





Il y a déjà un bon moment que nous n'avons pas écrit de blog, l'équipage de DF a occupé son temps à faire avancer le bateau à raison de cinquante milles par jour ou presque... Mon ami Marcel se demandait ce que représentaient cinquante milles par jour en voilier. Pour mon ami et ceux que ça intéresse, DF avance à 5 milles nautiques en moyenne, un peu moins de dix  kilomètres /heure pour les terriens... Ce qui fait qu'après une journée de huit  à dix heures, on peut dire que l'équipage a fait son travail et a droit à un repos bien mérité.


Nous avons donc laissé l'intracoastal après plus de mille milles pour ensuite aborder la Virginie et s'arrêter à Portsmouth où nous avons pu profiter du bassin gratuit en plein centre- ville. Il y a deux de ces bassins d'ailleurs, ils sont prévus pour des arrêts de quelques heures le jour mais il est possible d'y passer la nuit sans se faire déranger.  Nous avons d'ailleurs découvert à cet endroit un Mirage 24 identique à notre premier voilier, vraisemblablement abandonné, pratiquement en train de couler dans le bassin. L'envie d'aller à l'intérieur et d'y pomper toute l'eau dans sa cale m'a effleuré l'esprit. Triste spectacle. On dit souvent  que les bateaux sont vivants, chaque fois que j'ai vu durant ce voyage des bateaux dans de mauvaises postures, cela m'a toujours touché, celui-ci particulièrement.


À la porte de Norfolk.

Extase...


Façon brillante de construire un pont, remarquez les pièces en bas à droite
qui attendent d'être fixées à leur tour.

Un beau bassin à Portsmouth...gratuit.

Voici le "sister ship" de notre premier voilier, désolant.


Puis, nous avons entrepris  la fameuse Chesapeake Bay où nous avons été "brassés" 
joyeusement les deux premiers jours. Il y avait des tournois de pêche et une multitude de bateaux de pêcheurs sur notre route sans oublier les "crabpot".















DF s'est arrêté dans un petit village très coquet, Reedville, où nous avons été bien accueillis par le propriétaire de la marina locale. Nous avons profité de cet arrêt pour se délier les jambes et découvrir un beau petit village qui nous a fait penser un peu à St-Antoine de Tilly.



Marina de Reedville.

Une belle de Reedville

À chacun son drapeau.

                                    
                                                                              



Notre objectif était de nous rendre à Annapolis pour y faire un arrêt de quelques jours, y faire le plein de tout et profiter du "Spring boat show". Nous éprouvons un réel plaisir à parcourir cette ville qui fut le premier siège du gouvernement des USA. Les quartiers environnants sont magnifiques, particulièrement pour les piétons que nous sommes. À notre arrivée nous avons du passer notre tour pour le plein de diesel, la pompe étant prise par un gigantesque yacht... pour plusieurs heures.

                                                             Méga yacht, méga soif.




La maison qui a abrité le compositeur de l'hymne national des USA.



Le prix à payer pour "l'empire".

Des gens heureux.

Départ de Annapolis direction CD canal, il relie au nord la baie de Chesapeake et celle du Delaware. Nous avons eu, comme à l'aller l'automne dernier, une belle navigation dans la Delaware. En mois de dix heures nous avons atteint Cape May, puis Atlantic City la journée suivante.

Lever de soleil dans le CD canal
Arrivée à Atlantic City, voilà mon "jackpot".

Casinos à bâbord, matin du départ vers Sandy Hook.

Nous avions prévu une navigation de quatorze ou quinze heures entre Atlantic City et Sandy Hook tout juste en face de New York, l'arrêt à Manasquan entre Atlantic City et Sandy Hook n'ayant pas été très heureux, l'année dernière, on a préféré passer tout droit. Ne sachant pas trop comment les marées allaient nous ralentir ou nous pousser, nous avions quitté très tôt Atlantic City le matin dès 5h30. Soit dit en passant, nous n'avons trouvé rien d'intéressant dans cette ville que nous avons marché durant quelques heures: des quartiers abandonnés, des constructions inachevées, des terrains vacants. Comme si les entrepreneurs n'avaient pu finir ce qu'ils avaient commencé. Bien sûr il y a les casinos qui sont partout, pour ceux que ça intéresse, mais nous avons senti une grande pauvreté sur la rue Artic entre autre. Nous avons vu des voitures démolies dont une, criblée de balles. Pas très rassurant comme quartier je vous dis.

Le matin de notre départ était plutôt maussade: brume, bruine, 10 degrés. Pas vraiment le meilleur temps pour quitter mais la fenêtre météo semblait bonne pour New York le lendemain. De toute façon l'arrêt à Atlantic City, pendant trois jours, suffisait amplement. Nous avions eu une bonne matinée ayant parcouru près de la moitié de notre route. Le vent était de l'est et nous avait permis de mettre notre voile, la houle faisait dans les trois ou quatre pieds. Tout allait bien quand tout à coup un bateau de pêche nous a croisés, j'ai enlevé le pilote automatique pour me permettre de détourner notre route et le laisser  passer. Une fois la route dégagée j'ai voulu remettre le pilote en fonction, la barre s'est mise à aller dans tous les sens. Le pilote était devenu fou...J'ai de nouveau désengagé le pilote automatique pour découvrir avec stupeur que le gouvernail de DF ne répondait plus. Est-ce que le gouvernail était cassé? DF s'est mis à tourner en rond jusqu'à ce que je coupe le moteur. J'ai alors appris la mauvaise nouvelle à mon équipage (je revois encore leurs visages) "Linda on a un problème, le gouvernail ne répond plus, appelle la garde côtière". Ce qu'elle fit sans aucune hésitation.  "Pan Pan Pan Pan...Coast guard we lost our rudder..."

Tout ça paraît dramatique, mais nous n'avons jamais été en danger, loin de là. À moins de mille pieds se trouvait un équipage de la garde côtière américaine. Tout de suite il s'est dirigé vers DF. Ils se sont d'abord assurés que tout l'équipage allait bien. Ensuite on a fait une vérification d'entrées d'eau possibles dans la cale de DF (il n'y en avait pas). Leur capitaine s'est ensuite mis sur notre poupe pour constater que le gouvernail était entier mais ballottait dans tous les sens. Ils nous ont offert d'appeler un remorqueur et en moins de quinze minutes le bateau "Tow boat US" était sur les lieux. Vous ne croirez pas ça, on est tombé en panne juste devant l'inlet de Barnegat NJ. On ne pouvait avoir de meilleures conditions. On attend plus longtemps une remorqueuse sur les autoroutes. Aussitôt remorqué, le préposé nous a demandé de patienter une trentaine de minutes le temps qu'il fasse venir un deuxième remorqueur pour nous servir de gouvernail. En effet DF allait dans tous les sens attaché à cette remorque, un peu comme un enfant à qui on tient la main et qui ne veut pas rentrer à la maison.



                                                      Des vrais pros, pis y sont fins en plus.



On s'attache vite à du monde comme ça...

Comme l'équipage et le bateau étaient en sécurité, bien attachés à son ange gardien, j'ai pris le temps qui m'était donné pour aller constater les dégâts dans la cale. J'ai déplacé ce qui se trouvait dans les coffres et à ce moment j'ai entendu le son d'une pièce métallique tomber. J'ai vite compris qu'il s'agissait d'une pièce de la fixation de la barre sur l'arbre du gouvernail. Cette fixation avait glissé à force de se faire brasser et avait produit notre malheur. J'ai averti notre remorqueur que je pensais être en mesure de réparer s'il me donnait quelques minutes. Il a averti la garde côtière de mes intentions et les deux navires  restèrent autour de  DF. Le temps de remettre les pièces en place et de revisser solidement les deux boulons de la fixation, le tour était joué. Nous avons alors avisé Tow Boat US et avons fait un test concluant avant de se détacher de lui. Quel soulagement!

Pas de photo Papa.



Tout est bien qui finit bien.

La garde côtière nous a accompagnés pendant un bon moment, histoire de s'assurer que DF allait poursuivre son chemin jusqu'à bon port et après on s'est salué. Nous avons atteint Sandy Hook vers les 19h et avons profité d'un repas chaud et un gros dodo. DF se trouve actuellement en face de NYC à la Lincoln Harbor Marina où nous profitons des installations pour préparer notre second arrêt dans la Grosse Pomme.

Le capitaine vous salue!



2 commentaires:

  1. Allo équipage
    J'ai eu chaud en vous lisant car j'imaginais le pire...
    au plaisir
    Lisette

    RépondreSupprimer
  2. Salut Lisette,
    Effectivement qu'il s'est passé qq minutes où on ne savait rien...et de ne pas savoir c'est ce qui est stressant. Mais avec la garde côtière à proximité, l'équipage se sentant en sécurité, le capitaine a pu se concentrer sur le problème..qu'il a su régler.
    Il a été notre héros! DF continue de bien avancer.
    À bientôt
    Linda

    RépondreSupprimer